Critique de Ça change toute | S’éduquer par le rire, avec Mélanie Couture

En fait, c’est tout le contraire, puisqu’on a le clair sentiment qu’elle veut nous expliquer certaines choses concernant la sexualité que tous n’ont pas forcément assimilées. Notre vision, en tant que société, de la pornographie, par exemple (nous y reviendrons).

Car, oui, Mélanie Couture aborde longuement le sujet de la pornographie dans ce nouveau spectacle. Elle parle aussi de sécrétions, de vaginite, de menstruations, de fuite urinaire, d’orgasme, de la fourche (et des différents noms qu’elle lui attribue).

Derrière elle, sur scène, est installé un grand écran en demi-cercle, qui parfois évoque simplement un soleil couchant, et à d’autres moments lui permet de diffuser des images qui appuient ses numéros. Le procédé, utilisé par plusieurs humoristes, est souvent pertinent. Parfois, le visuel aurait simplement pu ne pas être là ou ne donne pas les moments les plus marquants. Toutefois, l’outil est le plus souvent utile. Par exemple, lorsqu’elle affiche une photo de son fils, qui a un adulte en lui qui ne demande qu’à sortir. L’effet comique tombe dans le mille.

La famille de l’humoriste fait d’ailleurs partie du spectacle, dans lequel elle s’ouvre un peu plus sur elle-même. Elle qui parlait « plus de ses parties génitales que de ses géniteurs » ouvre cette fois une porte sur une autre sorte d’intimité.

L’équilibre est bon entre les numéros éclatants et décomplexés sur le sexe et les autres où elle raconte sa vie. Sa « famille de rednecks » lui a fourni quelques savoureuses anecdotes qu’elle nous raconte ouvertement. Le fait qu’elle vit avec deux garçons, préadolescent et jeune adolescent, ce qui l’empêche de dormir depuis des années, est aussi propice à d’excellents moments de rire.

Rire des choses sérieuses

Mélanie Couture est surtout reconnue pour l’utilisation judicieuse de son expérience en sexologie pour aborder l’intimité sans filtre. C’est là sa force. Ses réflexions sont toujours pertinentes. Sans se prendre au sérieux, elle aborde des thèmes qui le sont.

L’éducation sexuelle des jeunes, par exemple, occupe une bonne partie du spectacle. Il faut mieux parler de sexe à ceux qui le découvrent et il faut que les bonnes personnes s’occupent de le faire. La pornographie est différente de la vraie vie, explique-t-elle. Une évidence que certains ne saisissent sûrement pas. Et oui, même la pornographie amateur est un spectacle, ajoute l’humoriste, toujours dans le rire.

C’est d’ailleurs en s’esclaffant qu’on est éduqué lors du one-woman show de Mélanie Couture, la meilleure façon de recevoir des pistes de réflexion importantes, selon nous. Le consentement et la communication aussi sont au programme, tout comme l’acceptation corporelle.

Assumée et désireuse que d’autres se sentent plus décomplexés, elle lance des messages positifs et porteurs. L’autodérision est son outil, elle n’hésite pas à nous mimer comment son corps réagit dans son bain trop petit lorsqu’elle recherche un moment de détente. Le besoin d’en rire est essentiel, pour elle comme pour celles de son public chez qui les numéros résonnent.

Jamais moralisatrice, jonglant avec son énergie exaltée et un certain sérieux (mais pas lourd !), Mélanie Couture dit ce qu’elle a à dire sur le corps, la sexualité, les aléas de la vie et ses petits bonheurs aussi. Elle le fait très bien. C’est une bonne chose que la bachelière en sexologie soit passée à la scène. Son spectacle est aussi drôle qu’il est nécessaire.

Précision
Une version antérieure de ce texte indiquait que Mélanie Couture est une ancienne sexologue. Or, elle est plutôt bachelière en sexologie. Nos excuses.