Nouveau spectacle de Caroline Vigneaux avec « In Vigneaux Veritas » : « Avec humour, j’explique aux spectateurs la différence entre le premier et le second degré »

Nouveau spectacle de Caroline Vigneaux avec « In Vigneaux Veritas » : « Avec humour, j’explique aux spectateurs la différence entre le premier et le second degré »

Tous les jours, une personnalité s’invite dans le monde d’Élodie Suigo. Jeudi 16 janvier 2025 : l’humoriste et actrice Caroline Vigneaux. Elle jouera son spectacle au Grand Rex, à Paris du 20 au 22 mars avant de partir en tournée dans toutes la France.

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L'humoriste Caroline Vigneaux, le 22 janvier 2024, à Paris. (DELPHINE GOLDSZTEJN / MAXPPP)

L’humoriste Caroline Vigneaux, le 22 janvier 2024, à Paris. (DELPHINE GOLDSZTEJN / MAXPPP)

Caroline Vigneaux est humoriste et actrice. Elle se situe, pour reprendre ses termes entre les jeunes et les vieux, donc à la moitié de sa vie. Ayant commencé son parcours en robe d’avocate, elle est passée du barreau de Paris au Cours Florent. A suivi un spectacle, un premier one woman show, Il était une fée. Aujourd’hui, elle est de nouveau sur scène avec son spectacle In Vigneaux Veritas et elle sera du 20 au 22 mars au Grand Rex avant de partir en tournée dans toute la France.

franceinfo : In Vigneaux Veritas, c’est donc un spectacle pour dire la vérité, rien que la vérité et toute la vérité ?

Caroline Vigneaux : Mais pas que ! Je dis la vérité, mais je préviens au départ les spectateurs, que j’utilise beaucoup le second degré. Comme j’ai vu que c’était un art qui se perdait. Donc, avec humour, j’explique aux spectateurs tous les soirs, la différence entre le premier et le second degré.

À quel moment vous décidez de passer de la plaidoirie à la vanne ?

Déjà, quand mon grand-père décède, je me rends compte que je vais mourir. Il s’appelle Robert Schneider et c’est quelqu’un d’important dans ma vie. Mais la planète continue de tourner comme si Robert Schneider n’était pas mort et là, je me dis que quand Caroline Vigneaux va mourir, ça sera pareil. La mort m’a donné une liberté. Je me suis dit, il y a un truc qui est là au fond, comme un nénuphar qui pousse, c’est la comédie. Je l’avais découverte avec des avocats, où on faisait des sketchs entre amis et je me suis dit, « mais c’est ça que je veux faire professionnellement ».

Quand vous avez décidé de quitter le barreau de Paris, la plus grosse difficulté était de l’annoncer à vos parents. Votre maman n’a jamais cessé de vous demander si vous aviez d’autres projets et ce spectacle est pour votre père. Il est décédé à 68 ans, ça a été un impact énorme et vous dites qu’il était le moteur de votre vie.

C’est vrai, on était toujours l’un contre l’autre, en confrontation. J’essayais à chaque fois d’obtenir quelque chose, ça ne marchait jamais. Et ça se terminait de la même façon, je prenais une gifle et j’étais enfermée dans ma chambre. Je me rends compte que tout ce que je faisais, c’était pour lui prouver. Et quand il est parti, c’est comme si je n’avais plus de contre-pouvoir ou de force et mon corps entier s’est effondré. J’ai dû être hospitalisée en urgence, ça a été un drame. Ma sœur a vraiment paniqué parce qu’elle venait de perdre son père et elle a cru qu’elle allait perdre sa sœur. D’ailleurs, c’est ma sœur qui, à l’hôpital, est venue me remettre la gourmette de mon père, en me disant : « Tu ne vas pas mourir, il va te protéger et tu vas rester avec moi. » Donc depuis, je la porte.

Le fait de monter sur scène, ça vous permet de dire des choses crûment. Vous avez du caractère et malgré ce caractère, vous avez subi des agressions sexuelles, et ça en dit long ça quand même.

Non seulement, j’en ai subi, et pas qu’une parce qu’on est quand même sur deux agressions sexuelles complètement aléatoires. Dans la rue, et un viol par quelqu’un que je connaissais. Et je n’ai jamais porté plainte. Alors que je suis avocate, je suis une femme forte et je n’ai pas trouvé le courage d’affronter ce qu’affrontent les femmes qui vont porter plainte. À savoir, la justice, le pourquoi, les questions. Moi, j’avais qu’une seule envie, c’était de prendre une douche, oublier et surtout gérer la honte de façon très simple puisque si vous n’en parlez à personne, vous n’avez pas honte puisque personne n’est au courant. Et c’est vous avec vous-même. 

« Jusqu’à MeToo, je pensais que j’étais responsable, que je n’avais pas respecté telle ou telle règle de ne pas m’habiller comme ça, etc. »

Caroline Vigneaux

à franceinfo

En fait, ce n’est pas moi le problème, c’est un problème bien plus gros, plus endémique. Après, je me suis sentie lâche en disant : « Mais elles, elles y vont ! Pourquoi tu n’y vas pas ? » J’avais peur d’assumer, et d’entendre : « Elle fait ça pour vendre des places », « ce n’est pas vrai », ou « c’est la mode », ce que je subis d’ailleurs depuis. Mais je me suis dit, ça suffit maintenant, je vais moi aussi y aller, je dis que je suis féministe, mais je vais le faire dans un lieu qui est mon lieu, mon spectacle. Et je vais aller plus loin. Je vais en faire rire pour laisser un message fort qui est : ça ne nous détermine pas. Et laisser un message aux agresseurs : malgré ça, on va continuer à rire, vous n’allez pas foutre complètement notre vie en l’air. C’est ça que je voulais dire.

Au fil du temps, vous avez décidé de continuer à garder cette indépendance. Vous autoproduisez ce spectacle, est-ce que c’est difficile aujourd’hui de monter sur scène et de se faire produire ?

Je pense que oui, mais c’est surtout difficile d’entendre « non ». Quand vous avez une vision, et qu’on vous dit : « Ah oui, mais non, c’est trop risqué, fais plutôt ça. » Je n’ai pas trouvé de femme productrice, non plus et j’ai toujours été produite par des hommes. J’ai dit, ça suffit maintenant, j’en ai marre. Mon papa est décédé et il se trouve que ma sœur et moi avons hérité de sa maison, ce qui fait un petit pécule. Et j’ai décidé de prendre le risque de perdre la maison et de faire tapis sur le théâtre Édouard VII. C’est que c’est un gros théâtre, plus de 700 places et je ne pense pas qu’un producteur aurait voulu me produire à Édouard VII, ça c’est sûr. Alors maintenant, ça a bien marché, on a fait plus de 40 000 entrées, les spectacles étaient complets tous les soirs et ça a été magique. J’en parle aujourd’hui avec beaucoup de bonheur et de fierté, je n’ai vraiment pas peur de le dire. 

« Quand on a cette chance-là de se dire : okay, je ne veux plus travailler avec des gens qui ne m’apportent pas de bonnes d’ondes, ça libère. »

Caroline Vigneaux

à franceinfo

Vous avez troqué vos talons pour des baskets. Est-ce que vous êtes bien dans ces baskets aujourd’hui ?

Je suis hyper bien dans mes baskets. Comme quoi on peut vieillir et être super bien.



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